PSE MODE D'EMPLOI
- Alexis et Philippe
- 29 sept.
- 17 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 oct.
Avec Élise Payot responsable RH et relations sociales chez CNIM Systèmes Industriels

Élise Payot est responsable RH et relations sociales au sein de CNIM Systèmes Industriels, une entreprise héritière d'une histoire qui a débuté en 1856, qui fabrique des équipements et systèmes complexes dans le domaine du nucléaire, défense et industrie de pointe. Forte de plusieurs années d'expérience en ressources humaines, elle a acquis une expertise particulière dans la gestion des restructurations et du dialogue social.
Son entreprise évolue dans des secteurs stratégiques où les enjeux économiques et technologiques nécessitent parfois des adaptations organisationnelles majeures. Entre mutations technologiques, évolutions de marché et contraintes budgétaires, ces secteurs d'activité connaissent régulièrement des phases de transformation qui impactent directement l'emploi et l'organisation du travail.
Dans cet épisode du podcast du Human Factor de Yaniro, Élise partage son expertise forgée à travers plusieurs PSE menés avec succès pour répondre à ces questions
PSE MODE D'EMPLOI
Comment piloter un PSE quand on est DRH ?
Quels sont les pièges juridiques à éviter et comment transformer cette épreuve en accompagnement réussi ?
Ce sujet touche de nombreux DRH aujourd'hui. Entre crises économiques, transformations sectorielles et difficultés conjoncturelles, beaucoup sont passés de "j'espère ne jamais avoir à faire un PSE" à "c'est malheureusement inévitable pour sauver l'entreprise". Pourtant, c'est un domaine où les écueils juridiques sont nombreux et où la dimension humaine reste primordiale. Maîtriser les règles du jeu, comprendre la chorégraphie administrative et savoir préserver le dialogue social devient un enjeu de survie pour l'entreprise comme pour ses collaborateurs. Car bien mené, un PSE peut devenir un véritable plan de rebond, autant pour les salariés qui partent que pour ceux qui restent.
COMPRENDRE LE CADRE JURIDIQUE DU PSE
Avant de se lancer dans la mise en œuvre d'un PSE, il faut d'abord maîtriser les règles du jeu. Car contrairement aux idées reçues, on ne peut pas déclencher un plan de sauvegarde de l'emploi à la légère ou dans n'importe quelles conditions.
Les conditions préalables au PSE
Pour qu'un PSE soit possible, deux critères incontournables doivent être réunis. D'abord, la taille de l'entreprise : "Il faut que l'entreprise fasse au moins 50 salariés. Sinon, on ne peut pas mettre en place le PSE". En dessous de ce seuil, les entreprises devront procéder à des licenciements individuels pour motif économique, mais sans les outils spécifiques du PSE.
Ensuite, il faut au moins 10 suppressions de postes ou modifications de contrat de travail pour motif économique. Et attention, ce chiffre ne concerne pas que les licenciements : "Ça peut être aussi des modifications de contrat de travail, notamment quand on fait de la transformation d'activités". Élise donne l'exemple de la robotisation : "la personne qui était sur la chaîne, on va lui proposer peut-être de faire l'entretien mécanique ou des choses comme ça". Si l'entreprise doit modifier 10 contrats de travail pour motif économique, elle entre aussi dans le périmètre du PSE.
"C'est 10, peu importe le nombre de l'entreprise, qu'on soit 100, 1000, 5000, c'est 10", souligne Élise. Attention, cette règle s'applique sur une même période de 30 jours, et la loi a prévu des garde-fous pour éviter les contournements.
Certaines entreprises tentent effectivement de jouer avec ces seuils : "Il y a des gens qui ont essayé d'éviter les PSE, parce que ça a un coût quand même financier pour l'entreprise. Et donc, de faire neuf, et puis un petit peu plus tard neuf, et ainsi de suite". Mais le législateur a anticipé ces stratégies avec un système de mois glissants sur 18 mois qui peut rattraper les entreprises trop “créatives”.
Les motifs économiques légaux : difficultés économiques vs sauvegarde de la compétitivité
Avoir la bonne taille et le bon volume ne suffit pas. Il faut aussi justifier d'un motif économique valable. Élise explique que le Code du travail, notamment l'article L1233-3, a heureusement clarifié les choses : "Avant, il n'y avait rien, c'était les juges qui définissaient ce qu'étaient les difficultés économiques. Et là, maintenant, on a quand même un cadre un peu plus précis".
Les difficultés économiques classiques incluent des baisses de commandes, de chiffre d'affaires, des pertes d'exploitation ou une dégradation de la trésorerie "sur plusieurs trimestres". Mais il existe d'autres motifs moins connus comme les mutations technologiques - par exemple l'automatisation d'une chaîne de production - ou la réorganisation pour sauvegarder la compétitivité.
Ce dernier point est particulièrement subtil : "Ce n'est pas pour gagner plus d'argent. C'est pour dire, là, je ne suis pas encore en difficulté économique, mais je vois bien comment ça est en train de se dégrader". Une entreprise peut donc être rentable et déclencher légalement un PSE si elle anticipe des difficultés futures ou si ses concurrents ont pris de l'avance technologique.
Comme le note Élise, "Moi, en tout cas, dans la plupart des PSE que j'ai faits, c'était le motif. Puisque justement, c'est avant d'être dans les difficultés". Cette possibilité juridique peut parfois créer des situations ambiguës où la frontière entre anticipation légitime et opportunisme devient floue.
Il existe également le motif de cessation d'activité, souvent mal appréhendé par les entreprises : "Des fois les entreprises qui ne sont pas accompagnées peuvent se dire: je vais arrêter mon activité / ou : je pars à la retraite, personne ne reprend derrière moi' et se disent : ça s'arrête comme ça. Non, c'est pareil, on rentre dans le cadre d'un PSE".
PSE vs autres dispositifs de rupture
Il ne faut pas confondre le PSE avec d'autres outils de rupture collective. Le plan de départ volontaire, souvent évoqué, n'est pas un dispositif indépendant : "En fait, le plan de départ volontaire, c'est une partie du PSE. On ne peut pas faire de plan de départ volontaire sans PSE. C'est un outil qui fait partie du PSE".
Il existe aussi la rupture conventionnelle collective, un dispositif plus récent qu'Élise n'a jamais eu à utiliser, mais qui représente une alternative aux PSE dans certaines configurations.
Les pièges à éviter pour contourner le seuil des 10
La tentation de contourner le seuil des 10 suppressions de postes existe, mais les risques sont réels. D'abord, les calculs sur mois glissants peuvent rattraper les entreprises qui étalent artificiellement leurs licenciements. Ensuite, même en restant sous les seuils légaux, les salariés gardent la possibilité de contester : "Les salariés pourront toujours aller aux Prud'Hommes pour dire, en fait, c'est un licenciement déguisé".
La frontière entre optimisation légale et contournement risqué est donc ténue. Comme le résume Élise : "Ce n'est pas illégal, c'est un peu border. Mais disons qu'il y a des limites. Après, tant qu'on est en dessous des limites, on a le droit de le faire".
Au final, comprendre ce cadre juridique n'est que la première étape. Car une fois les conditions réunies, il faut encore maîtriser la mise en œuvre pratique, qui réserve elle aussi son lot de complexités.
MISE EN ŒUVRE PRATIQUE DU PSE
Une fois le cadre juridique maîtrisé et les conditions réunies, il faut passer à l'action. Et là, on découvre que piloter un PSE, c'est jongler avec une chorégraphie administrative précise où chaque étape compte.
La consultation du CSE et les critères de sélection
Tout commence par le CSE. Les réunions avec les représentants du personnel ne sont pas une formalité : "Il y en a minimum deux qui sont espacées d'au moins 15 jours. Donc, ça, c'est ce que dit la loi. Mais dans la réalité, il y a beaucoup plus de réunions que ça et ça prend beaucoup plus de temps, puisque c'est avec eux qu'on va tout construire en fait".
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ces échanges ne partent pas forcément en bras de fer sur le principe même du PSE. Comme l'explique Élise : "Bien souvent, les partenaires sociaux ont bien conscience que, bah oui, il faut faire quelque chose". Ils connaissent l'activité, les chiffres, et comprennent généralement la nécessité d'agir "pour préserver la grande masse, en fait, qui reste des salariés et continuer l'activité".
Le vrai défi, c'est la définition des critères de sélection. Car dans un PSE, on ne choisit pas les personnes au hasard : "On ne licencie pas des personnes, on supprime des postes". Sur des postes doublonnés - dix vendeurs dont on ne garde que six par exemple - il faut déterminer objectivement qui reste et qui part.
La loi impose quatre critères minimum :
les charges de famille,
l'ancienneté,
les situations particulières (handicap, parents isolés, malades),
et les qualités professionnelles.
Mais attention, ces critères peuvent être pondérés différemment selon les priorités de l'entreprise.
La pondération des critères
"C'est une idée reçue, puisque sur ces quatre critères, on peut très bien les pondérer, et dire par exemple l'ancienneté, elle a un coefficient de 1 et la valeur professionnelle, elle a une valeur de 4 ou 5", précise Élise. Cette pondération permet d'éviter le piège du "dernier arrivé, premier parti" qui ne correspond pas toujours aux besoins de l'entreprise.
Le critère des qualités professionnelles est particulièrement délicat à manier. On peut y intégrer plusieurs éléments objectifs : "On peut prendre en compte notamment si la personne a déjà eu des sanctions, par exemple". Mais il faut s'appuyer sur des éléments mesurables et contradictoires : entretiens annuels, grilles d'évaluation spécifiques créées au moment du PSE si nécessaire.
"Par contre, si on se met sur ce critère-là, il faut le faire de façon objective. Donc c'est s’appuyer soit sur les entretiens annuels d'évaluation, ou à ce moment-là au moment du PSE, faire des grilles d'évaluation des compétences". L'objectif : pouvoir dire clairement "nous, on a besoin de ces compétences-là, toi, tu les as, toi, tu ne les as pas".
"Le faire de façon contradictoire avec le salarié, c'est toujours mieux. Comme ça, ça évitera qu'ils disent, on a noté à la gueule du client et en fait on voulait se débarrasser de moi".
Attention cependant : on peut privilégier d'autres critères si l'entreprise le souhaite. "On peut si on ne donne pas forcément beaucoup d'importance sur ces critères-là, sur le critère de la compétence. Si on dit, nous, on privilégie le critère de l'ancienneté, charge de famille et la difficulté de réinsertion, et que le critère de la compétence est minime, on peut le faire".
Dans tous les cas, "il faut qu'on fasse quand même une grille avec tous les critères et donner des points" : un an d'ancienneté = un point, un enfant = un point, etc. Et "dans tous les cas, ces critères aboutissent à une notation, au final".
Les mesures d'accompagnement et leur négociation
C'est sur les mesures d'accompagnement que les tensions émergent vraiment avec le CSE. "C'est le point le plus dur qui est la deuxième partie, c'est la partie sur les mesures d'accompagnement. Puisque là, bien évidemment, l'employeur veut mettre le moins possible, entre guillemets, d'argent, et le CSE, lui, veut l'inverse".
Les approches varient selon les profils syndicaux : "Il y a des syndicats qui veulent de l'argent vraiment sonnant et trébuchant. Et d'autres syndicats qui sont plus sur l'accompagnement". Ce dernier volet peut inclure la prise d'un cabinet qui va accompagner les gens "pour qu'ils apprennent à faire des CV, refaire leurs entretiens, les aider à chercher du travail".
Côté contenu des accompagnements, la palette est large : "Ça peut être, comme je disais aussi, lui apprendre à faire son CV, lui apprendre à passer un entretien d'embauche. Voilà tout ce qu'en fait un peu le pôle emploi est censé faire. Mais là, ça revient à la charge de l'employeur en fait".
L'accompagnement peut se faire en interne ou en externe : "Bien souvent, ça va être de passer soit en interne, si on a les ressources pour le faire, soit en externe, un accompagnement sur le reclassement externe". L'idée est de "voir avec le collaborateur ce qu'il veut faire. Donc du coup, de rechercher pour lui les différentes offres d'emploi, ou alors les formations qu'il doit faire pour arriver au métier qu'il veut faire, s'il est différent".
Important : il faut aussi prévoir "un suivi aussi derrière pendant toute la durée du PSE. On fait ce suivi-là avec les partenaires sociaux et les cabinets qu'on a pris".
Mais pourquoi les PSE coûtent-ils si cher alors que la loi ne fixe aucun minimum obligatoire ? La réponse tient en quelques mots : "Le principe, c'est de dire, c'est en gros l'entreprise qui a décidé de mettre fin à des contrats. Le but, c'est d'accompagner les personnes qui, elles, n'ont pas démérité". Quelqu'un doit assumer le coût de cet accompagnement, et à part l'entreprise, "je ne vois pas trop qui peut le faire".
Le rôle clé de l'inspection du travail dans la validation
Concernant les obligations légales, la situation est assez floue : "Légalement, il y a des termes génériques qui sont prévus, mais il n'y a pas de dispositif particulier impératif, on va dire. Donc là, c'est un peu au choix, on va dire, de l'employeur".
C'est pourquoi l'inspection du travail joue un rôle déterminant dans l'équation. Avant de finaliser le PSE, Élise recommande fortement de les impliquer en amont : "Il ne faut pas oublier que c'est eux qui valident, derrière, qui homologuent le PSE. Donc, selon l'inspecteur du travail que vous avez en face, il ne va peut-être pas vous demander les mêmes choses".
Cette personnalisation peut surprendre : "Comme nous, c'est des êtres humains. Donc, il y en a qui vont avoir des affinités sur certains points, d'autres sur d'autres, et qui vont accorder plus ou moins d'importance à un accompagnement ou alors à de l'argent".
Mais l'inspection du travail peut aussi être une ressource précieuse : "Ils connaissent le bassin de l'emploi aussi d'une façon générale, donc ils peuvent aussi vous aiguiller s'il y a eu d'autres PSE, vous dire : tel cabinet est plutôt bien, etc".
Coûts et cohérence du PSE selon la situation financière
L'inspection du travail module ses exigences selon la situation économique réelle de l'entreprise. Elle a accès aux documents comptables et "voit bien s'il y a des réserves, si on fait partie d'un grand groupe, etc."
Une entreprise véritablement étranglée financièrement pourra se contenter d'un accompagnement en interne, comme l'a vécu Élise dans son premier PSE : "Le premier PSE que j'ai fait, on n'a pas étalé énormément plus parce qu'on ne pouvait pas. On a tout fait en interne, on a fait un accompagnement des salariés, mais c'est le service RH, en fait, qui l'a fait".
Cette logique explique le paradoxe apparent des PSE : "C'est ça qui est très paradoxal, c'est qu'effectivement, quand on se dit PSE, on pense entreprise en difficulté, et en fait, ça coûte quand même relativement cher à l'entreprise si elle veut que son PSE soit validé par la direction du travail". Les entreprises qui ont des moyens doivent en mettre davantage sur la table.
L'homologation et la mise en application
Une fois le dossier finalisé avec le CSE, tout se dématérialise sur une plateforme dédiée : "Il y a une plateforme sur internet où on dépose tous les documents qui nous sont demandés, tous les comptes rendus, des réunions CSE".
Il faut déposer "le document final de PSE qui peut être signé soit avec les syndicats ou alors qui peut être un document unilatéral si vraiment on n'a pas réussi à se mettre d'accord. Et après, il y a dans tous les cas le PV du CSE" qui détaille les éventuels désaccords.
L'inspection du travail peut encore exiger des compléments. Élise se souvient d'un cas où "il manquait la partie sur la partie RPS, donc tout ce qui est risques psychosociaux, aussi bien des salariés qui partent que des salariés qui restent. Celle-là, j'avoue que je ne l'avais pas vue venir". Il avait fallu rajouter un dispositif d'écoute pour les salariés restants, potentiellement traumatisés par les départs.
Procédures individuelles avec les salariés concernés
Une fois l'homologation obtenue, place aux entretiens individuels. Là encore, l'ordre des informations compte : "Quand on les reçoit dès la première fois, il faut leur exposer les motifs économiques. Ensuite, il faut leur proposer tous les reclassements".
Impossible de faire l'inverse au risque de vice de procédure : "Souvent, on passe direct à la partie reclassement et après, on pourrait nous reprocher qu'ils ne savent pas pourquoi, en fait, on a voulu les reclasser. Parce que s'ils nous répondent avant, qu'on leur a expliqué, ça peut être problématique juridiquement, en fait".
Ces entretiens permettent d'explorer toutes les possibilités de reclassement interne. Car rappel important : "C'est le nombre de suppressions de postes et ce n'est pas le nombre de licenciements. Parce que si j'ai 11 personnes et que les 11 acceptent d'être reclassées dans l'entreprise, au final, je n'aurai licencié personne. Mais j'ai quand même supprimé 11 postes".
Après l'entretien, l'entreprise a un délai précis : "On a 7 jours, en fait, pour prononcer le licenciement".
CSP et congé de reclassement : les outils selon la taille
La CSP (Convention Sécurisée Professionnelle) est proposée dans les entreprises de moins de 1000 salariés. "S'il adhère, en fait, il a un délai de réflexion de 21 jours, de mémoire, s'il adhère, en fait, son contrat est rompu au bout des 21 jours et le préavis qu'on aurait dû lui verser, on le verse à France Travail".
L'avantage pour le salarié : une prise en charge immédiate par France Travail "sans carence et avec un maintien de salaire à 100% pendant un an".
À partir de 1000 salariés, le dispositif change : "On passe à un congé de reclassement. Donc là, c'est encore autre chose que l'employeur doit prendre en place, en charge, à la place de France Travail".
Piège classique à éviter avec la CSP
Attention au piège classique : "Souvent les entreprises se font 'avoir', c'est que souvent il y en a qui disent : c'est bon, il a signé la CSP, il a accepté, donc je n'ai pas besoin de faire de lettre de licenciement'".
Erreur ! "Alors que si, il faut quand même le faire. En fait, à partir du moment où on a proposé, s'il répond dans les délais ou pas, peu importe, dans tous les cas, il faut faire un courrier qui explique les motifs économiques".
La bonne pratique : "Le mieux, c'est de le préparer avant et de le remettre en même temps que la CSP, la proposition de CSP. Comme ça, déjà, il a le contexte". Et anticiper les deux scénarios : "En mettant les deux cas, en disant voilà si vous acceptez CSP, il se passe ça, si vous ne l'acceptez pas, il se passe ça".
Une absence d'aides externes
Un point souvent méconnu : les entreprises sont largement livrées à elles-mêmes pour financer ces accompagnements. Comme l'explique Élise : "Mis à part des financements de formation, mais encore, ça implique que le collaborateur reste dans l'entreprise le temps de sa formation, sinon l'OPCO ne va plus financer".
Les aides existantes sont très limitées : "On va avoir tout ce qui est 1% logement qui peut aider quelqu'un qui va changer de région pour travailler, par exemple. Et encore, maintenant, il n'y a quasiment plus rien en plus".
"Donc, non, là-dessus, il n'y a pas trop d'aide. L'entreprise est un peu livrée à elle-même. Et les collaborateurs, c'est l'entreprise qui va les aider".
Au final, cette mise en œuvre révèle que la technique ne fait pas tout. La réussite d'un PSE dépend aussi, et surtout, de la qualité du dialogue et de l'accompagnement humain mis en place.

RÉUSSIR HUMAINEMENT SON PSE
Maîtriser la technique, c'est indispensable. Mais au-delà des aspects juridiques et procéduraux, un PSE reste avant tout une épreuve humaine qui peut faire ou défaire une entreprise et traumatiser durablement ses équipes.
Le dialogue comme clé de voûte
Pour Élise, le premier réflexe à adopter face à un PSE, c'est de sortir de l'isolement : "Le conseil, c'est vraiment le dialogue, parce que c'est vrai qu'on a tendance, quand on est DRH, à se dire : je suis seul contre tous, je suis seul contre les partenaires sociaux, je suis seul contre l'inspection du travail, contre les salariés".
Cette posture défensive est compréhensible mais contre-productive. En réalité, "avec le dialogue, on se rend compte qu'on peut trouver des points, alors il y a toujours des points divergents, mais des points d'intérêt communs". Et le principal point d'accord, c'est évident : "la survie de l'entreprise".
Cette philosophie du dialogue s'applique à tous les interlocuteurs, même ceux qu'on perçoit habituellement comme des adversaires. L'inspection du travail, par exemple : "C'est vrai qu'on les voit souvent comme ceux qui viennent nous taper sur les doigts et un peu les empêcheurs de tourner en rond". Mais la réalité est plus nuancée : "Il y en a heureusement qui sont plutôt dans le partenariat et qui nous accompagnent bien".
Sortir de la posture "seul contre tous"
Les représentants du personnel aussi méritent qu'on dépasse les préjugés : "C'est vrai qu'on a tendance à se dire qu'ils vont toujours vouloir plus, mais ils sont souvent bien plus raisonnables que l'image qu'ils renvoient au final quand on discute avec eux".
Cette approche collaborative permet de "faire des choses qui sont favorables pour tout le monde autant pour l'entreprise que pour le salarié". Mais attention, ce dialogue ne s'improvise pas le jour J : "Il ne faut pas arriver en disant : j'ai un PSE à vous donner. On en a déjà parlé avant, bien évidemment".
D'où l'importance de cultiver le dialogue social en amont, dans les périodes calmes, pour créer un climat de confiance qui servira le moment venu. Cette préparation relationnelle fait souvent la différence entre un PSE qui tourne au bras de fer et un PSE qui devient un véritable projet d'accompagnement.
Négociation et recherche de points d'intérêt communs
Cette approche collaborative ne signifie pas pour autant faire preuve de naïveté. Il s'agit bien de négociation, avec ce que cela implique de concessions mutuelles : "En négociant aussi, en admettant que des fois, on peut peut-être avoir un peu plus de moyens que ce qu'on avait dit au début, ou pouvoir mettre des choses en place, on peut débloquer des situations".
La transparence et la bonne foi restent les meilleurs leviers pour créer cette dynamique positive. Quand les enjeux sont clairement posés et que chacun comprend les contraintes de l'autre, les solutions émergent souvent plus facilement.
Un gros PSE vs plusieurs petits : avantages et inconvénients
Au-delà de la gestion des relations, le DRH doit aussi naviguer dans des choix stratégiques complexes. L'un des plus délicats concerne l'ampleur du PSE : faut-il viser juste et prendre le risque de devoir recommencer, ou ratisser large quitte à traumatiser davantage ?
Cette question taraude beaucoup de DRH. D'un côté, faire plusieurs PSE successifs peut sembler moins traumatisant à court terme. De l'autre, cela peut détruire définitivement la confiance des collaborateurs : "L'inconvénient de faire dire : je fais le minimum et s'il faut, j'en referai un autre derrière, c'est que là, on perd la confiance des collaborateurs parce qu'ils ont déjà un PSE, c'est dur à digérer. Et puis, on leur dit : non, mais après ça, ça ira mieux. Et puis finalement, on en remet un autre quelques mois après".
Pour Élise, mieux vaut anticiper et ratisser un peu plus large : "Il vaut peut-être mieux entre guillemets, après ça coûte plus cher, toujours pareil, mais ratisser un peu plus large". D'autant que la loi prévoit un mécanisme intéressant pour corriger d'éventuels excès.
Priorité de réembauche pendant un an
En effet, "dans le cadre des licenciements économiques, les salariés ont une priorité de réembauche pendant un an" au sein de l'entreprise. Si l'activité repart, l'entreprise doit proposer en priorité les nouveaux postes aux anciens salariés licenciés, à condition qu'ils aient manifesté cette volonté au moment de leur départ.
Cette soupape de sécurité change la donne stratégique : "C'est pour ça, je pense qu'il vaut peut-être mieux faire comme ça et quitte à faire revenir après. Le message est quand même plus sympa de dire : bah, t'es parti, mais finalement, je te fais revenir ; plutôt que de dire : bah, je te garde et puis six mois après, bah non, finalement, tu t'en vas".
Préserver la confiance des équipes
Au final, tout l'art du DRH consiste à préserver un maximum de confiance dans cette épreuve. Cela passe par la transparence sur les enjeux, la cohérence dans les décisions, et la qualité de l'accompagnement proposé.
Il faut aussi garder en tête que certains salariés peuvent voir dans le PSE une opportunité plutôt qu'un drame : "J'ai connu quand même pas mal de salariés qui ont 'profité'. En tout cas, ça leur a été bénéfique parce que justement, ils se sont dit : c'est vrai que j'ai toujours voulu faire ça, mais je n'ai jamais osé sauter le pas".
Le plan de départ volontaire, quand il est bien conçu, peut d'ailleurs transformer cette dynamique. Mais attention, il ne suffit pas de "filer 50 000 balles à tout le monde et vous partez". Il faut que chaque candidat au départ présente "un vrai projet derrière" : reconversion, création d'entreprise, ou simplement une promesse d'embauche ailleurs.
L'objectif reste le même : "On doit quand même s'assurer que derrière, ils ont du travail en fait". Car au-delà des aspects juridiques, un PSE réussi, c'est un PSE où chacun - partants et restants - peut se projeter positivement dans l'avenir.
Cette approche humaine du PSE n'est pas qu'une question d'éthique. C'est aussi, et surtout, une condition de survie pour l'entreprise qui doit continuer à fonctionner et à motiver ses équipes après la tempête.
EN CONCLUSION
Piloter un PSE, c'est jongler entre contraintes juridiques strictes et enjeux humains majeurs. Comme le montre l'expérience d'Élise, la technique ne suffit pas : il faut savoir transformer une épreuve subie en projet d'accompagnement partagé.
Le maître-mot de ce "PSE mode d'emploi" ? Le dialogue. Avec l'inspection du travail, les représentants du personnel, et surtout les collaborateurs concernés. Car au-delà des chorégraphies administratives, un PSE réussi reste avant tout une histoire de confiance préservée et de perspectives offertes à ceux qui partent comme à ceux qui restent.
Vous pouvez contacter Élise sur LinkedIn

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