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MOZZA : LA communauté de freelances qui vit le Future of Work au quotidien

Dernière mise à jour : 12 sept.

Avec Adrien Montcoudiol, fondateur de Mozza


Comment Mozza vit au quotidien le Future of Work
Adrien Montcoudiol, fondateur de Mozza



Actuellement, la plupart des entreprises sont concernées par différentes problématiques du Future of Work, qui peuvent être :


  • le remote,

  • l’asynchrone,

  • l’intégration de profils freelance,

  • le slashing (de plus en plus de profils ont besoin de liberté et refusent de travailler cinq jours sur sept pour une entreprise).


Beaucoup de choses avancent en ce moment dans ce domaine, et certaines entreprises sont proactives sur ces notions, à l’image de Shine qui libère un jour par semaine de freelancing pour ses employés, et cela fait partie du contrat de travail.


Mais une entreprise en particulier se trouve au croisement de toutes ces pratiques sur le Future of Work, à la fois dans l’intention et dans la construction, il s’agit de Mozza. Dans cet épisode, nous allons donc nous intéresser à toutes les facettes de Mozza, afin que chacun puisse venir puiser de bonnes pratiques applicables sur un ou plusieurs des sujets du Future of Work.


Adrien Montcoudiol est passionné par les sujets de l'évolution du monde du travail : impact du freelancing sur ces transformations, opportunités qu'offre la technologie aujourd'hui, notamment sur les nouvelles manières de collaborer ensemble à distance et en asynchrone... Il a donc fondé Mozza il y a 4 ans, avec pour ambition d'expérimenter sur ce sujet et de développer un nouveau modèle de communauté qui concilie la liberté avec une dimension collective et communautaire forte, qui permet aux freelancers de s'épanouir dans les meilleures conditions possibles.



A L’ORIGINE DE MOZZA : LE PROJET MANGROVE


Passionné par le sujet de la construction de communautés, Adrien a commencé à faire du freelance il y a 10 ans en parallèle de ses études, et a monté un premier collectif en 2013 sur le growth hacking qui s'appelait “The Growth Bakery” à San Francisco. Il a ensuite rejoint Molotov en full time en 2015 pour s'occuper de l'équipe growth, mais il n’était pas 100 % en “fit” avec la culture de cette entreprise. Il est donc parti en prenant du recul sur la culture qu’il avait pu découvrir à San Francisco, sur les nouveaux modes d'organisation beaucoup plus flat, transparents, et en remote aussi grâce à de nouveaux outils.


Fort de ces expériences, Adrien a monté Mangrove avec un groupe d'amis, l'idée étant d'inventer une nouvelle manière de travailler, qui arrive à concilier l'idée de liberté très forte avec celle d'une communauté qui est nécessaire à l’épanouissement personnel, une communauté au sein de laquelle il est possible :

  • d’apprendre les uns des autres,

  • de progresser grâce au partage de connaissances,

  • de monter des projets ensemble,

  • et de s'épanouir au sens large en appartenant à un groupe qui ressemble à ses membres.

Ils ont créé ce mouvement en 2016, qui a duré trois ans. C'était un mouvement qui était rempli d'idéaux, avec une communauté qui était 100% remote composée de 150 membres dans 18 pays différents. Cette communauté avait pour caractéristiques :

  • d’être flat, sans aucune hiérarchie sur le papier. Même s'il y avait quelques leaders, c’était sans capacité à pouvoir manager ou prendre du pouvoir sur un autre membre de la communauté.

  • d’être 100% transparente, tout le monde avait accès à toutes les informations dans Mangrove.

  • d’être non profit : les membres travaillaient en interne sur des projets pour développer Mangrove, et gagnaient en échange des contribution points, qui étaient un peu l’équivalent des DAO (Decentralized Autonomous Organization) aujourd'hui dans le web3. Ils pouvaient par exemple s'impliquer sur des projets internes pour organiser la prochaine retreat, pour organiser les prochains peer to peer learning sessions, pour développer un projet permettant de renforcer la visibilité de Mangrove, ou encore partager leur vision du monde du travail, etc. Ils gagnaient alors des points leur donnant de nombreux avantages en interne.


Pour créer Mangrove, Adrien et ses amis ont puisé leur énergie et leur enthousiasme dans différentes sources d’inspiration :

  • Le livre Reinventing Organizations de Frédéric Laloux a été une source d'inspiration majeure,

  • En observant des entreprises innovantes sur le full remote et sur la transparence très forte, telles que Buffer, Github…

  • Les livres de 37signals tels que Remote, Rework…

  • Le mentor Isaac Getz, un des professeurs d’Adrien et auteur du livre L’entreprise libérée.


Mangrove a donc été une vraie période d'expérimentation et de découverte d’un nouvel univers. Au final, Mangrove n'a pas réussi à trouver un modèle qui permette de vraiment perdurer dans le temps, et au bout de trois ans ils ont fait le constat que c'était globalement toujours les mêmes quinze personnes qui faisaient tourner la communauté et qui la développaient. Après moult itérations sur son fonctionnement, ils ont préféré arrêter plutôt que de péricliter dans le temps.


Mozza est donc en quelque sorte l’aboutissement de toutes ces expérimentations. Même si Mozza est la continuité de Mangrove, il est différent : il s’inscrit dans une vision plus long terme et pragmatique.


L’ORGANISATION CHEZ MOZZA


Mozza rassemble aujourd’hui une trentaine de talents en product et en product design, qui travaillent ensemble sur des projets pour des entrepreneurs early stage ou des scale-ups. Pour les entrepreneurs early stage, ils vont créer la v1 de leurs produits avec de la research, de la product strategy et du design. Ils vont aussi accompagner de nombreuses scale-ups de l'écosystème français, mais aussi des entreprises anglaises ou américaines, sur différents types de produits.


La particularité de Mozza c'est que les talents qui font partie de cette communauté sont en freelance, ils font partie du collectif de freelance, ils ont un contrat, ils travaillent ensemble quotidiennement, mais ils bénéficient de beaucoup de liberté sur leur manière de travailler sur ces projets-là : ils choisissent les missions sur lesquelles ils vont s'impliquer, et travaillent avec leur propre méthodologie, leurs outils, à leur rythme, et d'où il souhaitent. Donc Mozza est une communauté qui est remote first.


Mais contrairement aux freelancers solo, l'intérêt de Mozza est de pouvoir travailler en équipe sur les missions. Ces missions ont été sélectionnées en amont par une équipe commerciale chargée de choisir les projets les plus intéressants, et de bien les structurer pour faire en sorte que les membres du collectif puissent vraiment se concentrer sur leur cœur de métier, c’est-à-dire la stratégie produit et le design. Cela permet à ces talents de vivre un mode de travail assez différent qui n’est ni le mode de travail en CDI avec un projet unique avec son équipe full time pendant plusieurs années, ni le mode du travail du freelancing solo où la personne gère tout de A à Z avec potentiellement un certain nombre de problèmes. La vision de Mozza c'est vraiment de créer une organisation qui concilie la liberté du freelancing avec une infrastructure commune et partagée qui permette à ses talents de travailler en collectif dans les meilleures conditions sur leurs projets, et de continuer à s'épanouir tout en étant libre.


La plupart des freelancers qui travaillent sur les projets sont des anciens employés de scale-up (Alan, Qonto, Blablacar…), avec en moyenne 7 ans d'expérience en produits et 8 ans en design. Ce sont donc des profils plutôt expérimentés, qui ont déjà fait leurs armes et qui ont pu être formés dans ces entreprises-là.


Mozza compte également 6 employés, formant une équipe appelée “burrata”, qui en constitue en quelque sorte le squelette. Ces personnes vont se concentrer sur le développement de l'écosystème, et sur le fait de mettre les membres de Mozza dans les meilleures conditions possibles pour travailler sur ces projets-là. Il y a donc d'un côté les personnes qui sont impliquées au long terme pour vraiment structurer l'écosystème, et de l'autre les talents qui s'impliquent dans Mozza de manière plus fluide avec différents niveaux d'engagement possibles :


  • Certains vont faire 4 5 jours de missions Mozza par semaine, d'autres vont plutôt faire 4-5 jours par mois,

  • Certains membres de la communauté sont en full time freelance, d'autres font des missions Mozza en parallèle d’autres projets (création d’entreprise, CDI, etc).


Cette organisation en 2 parties, avec d’un côté la burrata et de l’autre les indépendants, est liée à l’expérience Mangrove. En effet, une des raisons de la fin de Mangrove était que les mêmes personnes étaient à la fois en charge de construire la communauté et en charge également de travailler sur des missions freelance. La plupart des membres étaient freelance pour gagner leur vie. De ce fait, à cause de l'incertitude inhérente à ce statut qui fait qu’il y a toujours des retards et des imprévus dans les missions, les gens ne pouvaient pas significativement s'impliquer dans la construction de Mangrove. D’où l’idée avec Mozza de créer une organisation avec des gens qui d'un côté travaillent sur de beaux projets de manière bien structurée, et des gens qui de l'autre côté vont être chargés de construire cette communauté et cette expérience pour les membres de l'écosystème. C'est un choix qui a été fait très tôt et qui leur a permis d'investir du temps, de l'énergie, et de la recherche sur la construction de leur modèle interne et de leur organisation.


La burrata est composée de gens passionnés :

  • par la dimension commerciale : aller chercher les meilleurs projets, aller négocier les meilleures missions,

  • par la dimension organisationnelle, car il faut orchestrer tout cela, surtout qu’il seront bien plus nombreux dans Mozza dans les années qui viennent,

  • par la dimension communautaire : comment créer une communauté soudée, entre les membres du collectif, au sein de laquelle les gens peuvent s'épanouir, progresser, s'entraider les uns les autres.


Ces personnes vont donc sélectionner les missions avec des projets intéressants, et avec des interlocuteurs qui connaissent leur sujet, afin qu’elles soient stimulantes pour les freelancers et que ceux-ci aient les meilleures conditions possibles de travail sur ces missions.


Du coup, les indépendants de l'écosystème Mozza, appelés en interne les “mozzaïolos”, vont pouvoir se concentrer sur leur cœur de métier et ce qui les intéresse vraiment : pour la majorité d'entre eux, il s’agit de la stratégie produit et le product design, mais également le fait d’apporter de la valeur à ces entreprises grâce à leur expertise. D'une certaine manière, ils vivent une expérience proche du CDI car ils n’ont pas à gérer toute la dimension de prospection, de négociation qui sont normalement des tâches inhérentes au statut de freelance à la recherche de nouveaux clients.


Ceci étant, la frontière entre la production par les freelancers et le business development par la burrata n’est pas imperméable. En effet, certains mozzaïolos ont acquis certains skills (savoir bien communiquer, gérer un client, se coordonner avec une équipe, etc) et peuvent être intéressés à l'idée de participer à ces sujets de différentes manières, par exemple :

  • en participant à des calls avec des clients pour bien identifier leurs besoins et du coup réfléchir à comment structurer le projet avec la meilleure approche possible pour avoir un impact final important,

  • ou en apportant des leads à l'écosystème, etc.


Bien sûr, Mozza est preneur de ces initiatives sur ces questions-là et les freelances seront récompensés par un système d’incentive. Ces cas restent rares, car Mozza garantit un certain nombre de jours de mission tous les mois aux talents. N’ayant pas à s’inquiéter d'un point de vue commercial, la majorité préfère alors se concentrer uniquement sur les missions et rester focus sur leurs hard skills. A côté de ces missions, ils vont plutôt :

  • se concentrer sur eux-mêmes: en travaillant au développement de leurs compétences, progresser sur un métier, lire, apprendre avec d'autres personnes sur des workshops etc,

  • ou bien faire autre chose complètement : développer une entreprise, apprendre une nouvelle compétence complémentaire qui n'est pas professionnelle, etc.


L’incentive varie selon les cas, parfois c’est sous forme de rémunération, parfois cela se fait à travers l'augmentation du TJM (Tarif Journalier Moyen).


L’ESPRIT DE COMMUNAUTÉ CHEZ MOZZA


Dans toute entreprise, l’esprit de communauté est très important, à travers la vision / la mission / les valeurs communes.. Dans un contexte de remote et d'indépendance liée au freelancing, cette animation de communauté et cette identité à laquelle tout le monde se reconnecte, peut sembler plus difficile à mettre en place et à faire vivre.


1. Le recrutement


Pour Adrien, la première étape pour y arriver passe par la sélection des talents qui rejoignent Mozza. En fait, les gens qui viennent pour faire partie de la communauté Mozza sont des personnes qui aspirent à une liberté, mais aussi à faire partie d'un collectif pour pouvoir échanger et progresser. C'est le cœur du message de Mozza, et c'est ainsi qu’il est identifié dans l'écosystème. L’axe pour rejoindre Mozza est naturellement tourné vers l’échange et la collaboration.


Certains sont en CDI et testent en parallèle le monde du freelancing à travers Mozza, et s’ils apprécient l’expérience, rejoignent Mozza en tant que membre. C’est un très bon moyen de mettre le pied à l’étrier côté freelancing, car on rejoint une communauté de gens qui font cela depuis des années, et qui vont être capables de transmettre les bases de ce nouveau mode de travail. Il existe beaucoup de templates, de méthodologies qui permettent de rapidement être opérationnel. Et c’est aussi bien moins solitaire que de quitter son CDI et de se mettre en freelance du jour au lendemain. Les profils qui rejoignent Mozza sont en recherche d’échanges et dans cette volonté d'apprendre et de transmettre.


Ensuite, l’appétence pour le collectif est quelque chose qui est évaluée dans les phases de recrutement. Le processus est maintenant bien rodé au bout de quelques années. Ils sont capables d'identifier vraiment l’alignement humain avec le projet que Mozza cherche à construire, et c'est une priorité.


Le processus de recrutement est le suivant :

  • D'abord une succession de calls pour comprendre qui est la personne et ses intentions, comme sur du recrutement classique,

  • Ensuite il y a du staffing sur des missions en situation réelle, avec d'autres mozzaïolos qui vont encadrer cette nouvelle recrue et être ses référents Mozza. En parallèle, un Mozza Buddy va aussi aider cette nouvelle personne à comprendre comment fonctionne l’entreprise et à lui donner toutes les informations dont elle aura besoin pour fonctionner au mieux. En plus, une personne est chargée de suivre avec un peu de recul la qualité de l'intégration de cette recrue.


A l’issue de ces missions tests sur un ou deux mois, ils vont collecter les avis des mozzaïolos et vont être capable d'avoir une très bonne vision du fonctionnement de cette personne, et de prendre une décision suite à cela. Une fois intégrée, la personne peut quitter la communauté quand elle le souhaite, cela reste du freelancing.


2. Outils et rituels


Afin de faire vivre l’esprit de communauté Mozza, ils ont mis en place un mix d’initiatives, certaines en remote, d’autres en présentiel.


En remote :

  • Un slack sur lequel les membres échangent quotidiennement avec différents channels, dédiés aux missions, à différents métiers, avec des partages de contenus.

  • Des calls hebdomadaires pour faire le point sur les updates des missions en cours, sur les missions qui arrivent, mais aussi sur les recrues et les prochains projets qui seront développés chez Mozza.

  • Les workshops online, qui permettent par exemple de partager des connaissances suite à une mission ou à une découverte sur de nouveaux métiers, en intégrant parfois des intervenants extérieurs.


En physique :


  • Les retraites, qui sont des moments forts et fédérateurs dans Mozza. Tous les trimestres, ils louent une grande villa au bord de la mer ou un chalet à la montagne, et s’y retrouvent tous ensemble pendant une semaine pour travailler sur les missions, mais aussi pour réfléchir ensemble à l'évolution de la communauté, initier certains projets, etc.

  • Des desks à Station F (campus de start-ups à Paris) pour les membres parisiens qui souhaitent se retrouver en physique ponctuellement.

  • Des apéros, qui sont des moments plus informels, ont lieu également à Paris. Mais cela peut être également ailleurs, le prochain aura lieu à Lisbonne où un certain nombre de mozzaïolos habitent désormais.


Mais pour le moment, Mozza n’a pas entrepris de démarche spécifique ou mis en place d’outils spécifiques pour cultiver une culture d’entreprise comme c’est le cas dans beaucoup de start-ups. Pour Adrien, ils sont encore au stade de l'entreprise où c'est assez naturel : il y a peu de personnes, tout le monde se connaît et il existe une sorte d’état d'esprit général présent dans Mozza que les gens ressentent très tôt quand ils rejoignent l’entreprise. Cependant, c’est quelque chose qu'ils vont commencer à formaliser, et sont d’ailleurs en train de chercher à recruter un Head of People et un Community Lead pour commencer à poser ces sujets-là, et aider au développement de Mozza.


Mozza a en effet pour ambition de passer à 300 membres en 2025, et le Head of People sera là pour les aider à construire la stratégie pour arriver là, et mettre en place une structure interne qui permette de grandir tout en maintenant une forte cohésion. Le Community Lead sera là pour travailler sur les liens internes au sein de Mozza, comment construire une communauté engagée de 300 personnes avec de la cohésion et de la participation. Adrien souhaite aussi quelqu'un qui ait un peu d’appétence pour le web3 / DAO, car il aimerait voir comment Mozza peut innover grâce à la technologie sur ces nouveaux modes de travail.


LA QUESTION DE LA RÉTENTION DES FREELANCES


N’importe quelle entreprise, bien sûr, essaye de garder ses talents et éviter le churn. Mais pour Mozza, cette problématique est prise sous un angle différent.


Mozza a été construit en considérant que, dans la vie professionnelle d'un individu, il y a différentes phases :

  • des phases où on a envie d'être en CDI full time et travailler de manière très intense avec son équipe sur un projet unique avec un gros focus,

  • d'autres moments où on peut avoir envie de travailler différemment : sur des projets plus variés, avec différentes personnes, rencontrer du monde,

  • ou encore de ne pas travailler à temps complet et avoir du temps pour pouvoir élever et éduquer ses enfants, pour voyager, pour apprendre des nouvelles compétences, etc.


Mozza veut être respectueux de ces rythmes : que ce soit accueillir des profils qui viennent de quitter leur CDI, ou au contraire voir partir des profils pour rejoindre une entreprise en CDI ou pour monter des projets, Mozza n’a aucun problème avec cela. En général, quand les gens quittent Mozza, c'est pour rejoindre de très bonnes entreprises avec des postes assez haut placés, ce qui est plutôt une célébration de voir que Mozza a pu contribuer à l'épanouissement de ces personnes.


L’autre particularité de Mozza par rapport aux entreprises plus classiques, c'est qu’en général les personnes qui partent gardent un lien fort avec Mozza : certains continuent à faire quelques missions pour Mozza en parallèle de leur nouveau travail, d’autres reviennent chez Mozza plus tard. D’une manière générale, ils ne coupent pas les ponts, viennent parfois aux apéros, etc. Mozza est plutôt vue par les mozzaïolos comme une communauté de talents avec lesquels on partage des valeurs humaines, et avec laquelle il est possible d’avoir différents niveaux d'implication selon ses envies et besoins, parfois de façon intense avec beaucoup de missions, ou parfois de façon beaucoup plus légère en venant aux apéros et en faisant éventuellement une ou deux mission en parallèle d'un autre projet.


Le rapport entre Mozza et ses talents est donc très sain, sans notion de dépendance, ce qui est assez innovant.


Évidemment, la rétention est importante pour Mozza, puisque sa vocation est d’essayer de créer l'expérience professionnelle la plus épanouissante possible pour ses talents, et qu’ils se sentent bien. Cela se fait principalement à travers 3 axes :


  1. D’abord, faire en sorte que les missions soient le plus calées possible, avec des sujets très intéressants, avec des interlocuteurs intéressants, et en travaillant en équipe avec d'autres profils avec lesquels on se sent bien.

  2. Le deuxième point, c'est tout ce qui concerne l'épanouissement personnel, donc le sentiment de progresser, d'apprendre des compétences, d’évoluer sur son métier… Ce sont des choses qui sont très actionnables dans Mozza parce qu'il est très facile de permettre à quelqu'un de tester une nouvelle industrie. Par exemple, pour quelqu'un qui voudrait se spécialiser sur le web3, Mozza peut lui proposer plein de missions web3, et en six mois ou un an, il est possible comme cela de se former sur de nouveaux sujets. C’est aussi un moyen d'explorer aussi de nouveaux métiers à la marge, par exemple un Product Manager qui voudrait faire un peu d’UX. Il est donc facile dans Mozza d'un mois à l'autre de jumper sur de nouveaux sujets en étant toujours au sein d'une équipe qui est bienveillante et qui va aider la personne à se développer. Cette dimension de progression personnelle est vraiment importante.

  3. Et le troisième point, c’est le sentiment d'appartenance, de faire partie d'une communauté qui nous ressemble et au sein de laquelle on se projette, on rencontre des gens qui nous inspirent. Mozza propose donc de nombreux projets en interne qui permettent au mozzaïolos de se projeter concrètement au long terme dans l'écosystème, comme par exemple :

  4. un club d'investissement est en cours de création, pour pouvoir investir en communauté dans des entreprises early stage qu’ils voient passer et qui les intéressent,

  5. la trattoria, un projet où les membres se retrouvent ensemble pendant une semaine pour builder collectivement des projets qui les intéressent, un peu comme un hackathon mais avec une dimension de formation en plus puisqu’ils vont faire appel à des experts pour les former sur de nouveaux sujets. En l'occurrence, la prochaine trattoria en décembre sera sur le thème du web3. La dernière avait eu lieu il y a deux ans sur des projets environnementaux.


LE WEB3 ET LES OUTILS DAO DANS LE FUTURE OF WORK


Les outils DAO (Decentralized Autonomous Organization) viennent du milieu de la blockchain / crypto monnaie, l'idée étant d'utiliser la technologie blockchain et tout ce que ça permet comme automatisation sur les smart contract, sur la tokenisation et donc la création de monnaie pour la gouvernance d'organisations, sans avoir à recourir à des contrats.


Mozza est en réflexion pour utiliser ces outils DAO pour organiser l’entreprise. Il y a déjà une très forte dimension décentralisée, par exemple les mozzaïolos impliqués sur des missions ont une très grande liberté sur la manière d'approcher les projets. Mozza n'impose pas de méthodologies, ou d’outils. Cela permet de maintenir une grande agilité dans le temps parce que ce sont des métiers qui évoluent énormément et rapidement. Chaque nouvelle personne qui rejoint Mozza a quelque chose à ajouter, grâce à son background et son expérience. Cette décentralisation est donc une manière pour Mozza de rester au top sur ces nouveaux métiers.


Une réflexion est en cours sur la question du reward, ou comment incentiver les membres de la communauté pour qu’ils s'impliquent, contribuent à cette intelligence collective, c'est là où les tokens apportent des solutions intéressantes. Adrien s’y intéressait à l'époque de Mangrove il y a 6 ans, et maintenant au fur et à mesure que Mozza grandit, ce sont des choses qu'ils vont sans doute commencer à expérimenter et utiliser le plus intelligemment possible.


LEÇONS ET CONSEILS TIRÉS DE L'EXPÉRIENCE MANGROVE / MOZZA


Pour Adrien, il faut choisir ses combats, il n'est pas possible d’innover à tous les étages d'un coup. C’était un peu la leçon avec Mangrove, vouloir construire en 2016 une organisation flat, remote first, splittée dans 18 pays différents avec des freelances qui n’ont pas vraiment de stabilité de revenus, en plus basée sur des contributions bénévoles, c'était trop ambitieux.


Et contrairement à Mangrove où il y avait une multiplicité de métiers, ils ont décidé de se concentrer sur certains métiers, en tout cas pour commencer. Ils ont également fait des choix sur certains aspects : une liberté individuelle très forte permettant d’avoir une expertise en évolution constante, le remote, et internaliser certaines fonctions structurantes.


Ils ont également fait le choix dans Mozza de ne pas lever des fonds, d'être une entreprise autofinancée, qui du coup peut avancer à un rythme humain. Pour Adrien, c’est une vraie fierté d’arriver à une communauté de 30 personnes qui tourne comme aujourd'hui. Il a fallu quatre ans de travail, et ils continuent de bien progresser avec une perspective de 50 personnes en fin d’année et une ambition à 300 personnes fin 2025. Adrien ne pense pas possible la construction d’une communauté de 300 personnes soudée en deux ans, cela ne peut se faire qu’à un rythme humain, et ça c'est aussi un learning qu’il essaie d'appliquer.


LE MOT DE LA FIN


Le travail nous occupe une grande partie de notre vie, et Adrien trouve ces sujets du Future of Work extrêmement passionnants, et pour lui c’est vraiment stimulant intellectuellement de réfléchir à de nouveaux modèles qui sont au service de l'épanouissement de l'individu venant déconstruire le monde de l'entreprise un peu traditionnelle qui est sclérosée à beaucoup d’étages différents. Adrien sera ravi d’échanger avec toute personne intéressée par ces problématiques.


Vous pouvez retrouver et contacter Adrien Montcoudiol sur Linkedin ou Twitter,

et le site de Mozza ici: https://mozza.io/


Les ressources recommandées par Adrien :


  • Le livre Reinventing Organizations de Frédéric Laloux

  • Les livres Remote et Rework, ainsi que leur dernier livre It doesn’t have to be crazy at work de l’entreprise 37signals


Les outils recommandés par Adrien :


  • Claap, un outil de vidéo asynchrone créé par Pierre Touzeau, permettant des interactions en cours de vidéo.


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